Fleur immaculée, fleur de pureté... [Libre]

C’est le soir. Il fait chaud tu sais. Oui, nous nous pourrions nous croire en été. Alors que ce n’est que le printemps. Les fleurs poussent, ici. Oui, des fleurs immaculées parviennent à pousser, comme si la chair des macchabés était un bon terreau, comme si le sang qui coule à flot dans le Jeu les abreuvait mieux que de l’eau. Un sourire étire mon visage. Une bâtisse se dessine devant moi. Mon pas s’allonge. C’est l’endroit que je préfère. L’école abandonnée. Parfois, en fermant les yeux, j’ai l’impression de discerner les cris de professeurs indignés, les bruit de coups de deux enfants se combattants... Oui, même parfois le stylo écrivant sur une feuille. Je m’arrête, me baisse, cueille une des fleurs qui pousse par ici. Je la porte à mon nez, inspirant son parfum délicat et tellement léger qu’il parait inexistant. Je me redresse, la faisant tourner entre des doigts de pianiste. Je regarde autour de moi, et continue mon chemin. Je m’arrête bientôt à nouveau, me penchant sur le cadavre d’un homme. Il est jeune. Son collier est encore activé, mais il est mort. Sur son ventre, une plaie béante, et une mare de sang qui s’est étiré sous lui. Je caresse tendrement du bout des doigts son visage, sa joue. Je l’ai connu. Il était adorable. Mais pas assez combatif. Le Jeu aura eu raison de lui. Ses yeux marron sont braqués sur moi, comme pour me supplier une dernière fois de lui montrer le chemin vers la fin du Jeu. Je soupire. Et ferme ses paupières. Je n’apprécie pas ce regard vitreux, qui représente tellement la mort. Cette mort qui fixe la dernière expression du visage pour l’éternité, et qui parfois la transforme même en plainte ou qui essai de nous donner une impression de culpabilité... Nouveau soupire. Je prends les mains du mort et les joints, sur son torse. Et entre ses doigts, j’y glisse cette fleur blanche que j’ai cueillie quelques instants plus tôt. Cet homme... Non, que dis-je cet enfant... Il devait être à peine plus vieux que moi, il avait encore toute sa vie devant lui... Comme c’est cruel que son souffle vitale lui ai été aussi brutalement arraché...

Mais je me redresse, abandonne là le corps. Le collier est toujours activé, je le sais bien, mais ce n’est pas moi qui s’occupe de sa désactivation. Les Ombres, comme j’aime les surnommés, passerons forcément par là. C’est eux qui, furtivement, en l’absence des caméras, récupèrent les corps pour désactiver les colliers et enterrer les corps. Personnes ne les as jamais vu, pour tout le monde ce n’est qu’une légende du Jeu... Je reprends mon chemin. Pousse le portail de l’école et pénètre dans la cour déserte. C’est vide, tellement vide... Je passe ma main dans mes longs cheveux de jais. Nouveau soupire puis finalement un sourire vient à nouveau se nicher sur mes fines lèvres rose pâle. Après tout, pourquoi déprimer ? Dans le Jeu tout est désert, vide, abandonné. Et quand je ressens le besoin je peux quitter le Jeu pour repartir dans le reste du monde, me ressourcer... Alors oui, pourquoi déprimer ? Le seul lien qui me rattache au Jeu est l’envie d’être le Guide, ma loyauté envers le Maître du Jeu. Je n’ai nullement été obligé de rester ici... C’est par désir donc. Je pénètre ensuite dans l’édifice, après avoir traverser la cour et débouche dans un hall. Tout est si silencieux... Je décide d’y mettre un terme. Ma voix s’élève, si un rythme doux et lent, et je récite les paroles d’une chanson que je connais si bien :

« What I thought wasn't all. So innocent. Was a delicate doll of porcelain. When I wanted to call you. And ask you for help. I stopped myself. »

En anglais, oui. Non, je ne suis pas anglaise. Je suis française, aux traits asiatiques. Même mon nom est asiatique... Aiko Deb. Japonais, chinois, coréen ?... Je pencherais plutôt pour japonais. Je monte un escalier. Pénètre dans un long couloir, où des dizaines de portes décorent les murs. Je m’avance. En pousse une. Et là, devant moi, se découvre une classe, aux murs sobres. Je m’arrête un instant sur le seuil. Sur le tableau, il est encore écrit diverses choses. Je ne prends pas le temps de lire et de quelques pas, j’attrape le chiffon et les efface. J’attrape une craie abandonnée là et écrit, d’une écriture fluide et délicate quelques mots. « Le Jeu a déjà commencé. » Mais aller savoir pourquoi, cela me parait si stupide d’écrire ça, surtout ici... Je pose ma main gauche, qui ne tient pas la craie, sur le tableau. Mes ongles se posent sur la face délicate du tableau en ardoise et je descends, forçant sur mes doigts de pianiste. Un affreux crissement retentit alors...

Le soleil se couche doucement, la nuit déposera bientôt son large manteau sur la ville et ses habitants. Toi, Lucia, tu ne dors pas, tu n’en as pas envie. Tu n’as jamais envie de dormir. Dormir te rappelle la mort et cela t’ennuie profondément. Aujourd’hui a été une horrible journée pour toi, une habituelle, horrible, journée. Ce matin comme à ton habitude tu t’es réveillée dans les draps d’un de tes trésors, tu es partie sans un mot comme à ton habitude. En te baladant dans les vieux quartiers, tu es tombée sur un de tes autres trésors. Il était accompagné. Quelle jolie fille d’ailleurs, et quel beau sourire arbore-t-il avec elle. Tu es restée loin d’eux, les observant tour à tour, ils semblaient heureux, n’est-ce pas Lucia ? Toi, par contre tu ne l’étais pas, cet homme que tu appelais trésor qui te murmurait des mots doux au creux de l’oreille pas plus tard qu’hier, souriait à cette trainée ? Tu pouvais encore te souvenir du timbre de voix de ses gémissements quand tu t’étais abandonnée à lui. Il mérite d’être puni. Comme cette catin, ils méritent tous d’être punis. Mais plus tard, tu t’en chargeras plus tard. Te trahir, toi ? Surement l’unique et dernière erreur qu’il commettra. Mais t’avait-il seulement murmuré ces mots doux comme ton esprit aimerait croire ? A-t-il seulement rejoins tes draps un soir ? Tu perds la boule, Lucia… non, tu l’as perdue depuis longtemps.

Mais ne parlons plus du matin, tu veux ? Cela fait déjà partie du passé pour toi, un passé qui t’es inutile de te rappeler. Néanmoins, tu as mal. Tous les jours, tu as mal. Toutes les heures tu as mal. Ont te trahit, chaque minute, chaque seconde tu as cette impression écœurante que tout le monde te trahit. Tu te souviens, Lucia ? Ton corps est creux, creux et froid à l’intérieur, tu as besoin de l’amour de tes trésors pour le réchauffer, pour ne pas couler. Quitte, à faire souffrir, quitte à faire pleurer, quitte à pleurer toi-même, tu as besoin de cet amour. Tu en as besoin quoiqu’il advienne de cette ville et de ce jeu. Tu es cinglée, Lucia. Tu es complètement, cinglée. Tes pas continuent d’être légers, comme à leur habitude. Tu te diriges vers l’école abandonnée. Pourquoi ce lieu ? Tu ne le sais pas, peut-être pour t’isoler un peu et réfléchir à une punition pour ton ancien trésor… De plus, il semble que dans l’ancienne salle destinée à apprendre la musique un vieux tourne-disque fonctionne encore, s’il y a bien une chose que te manque dans le « vrai » monde, c’est la musique. Tu pénètres donc dans le vieil établissement, affichant une ombre menaçante sur le sol. Avant de passer la porte, tu vois un objet. Non, une chose qui captive totalement ton attention. Une fleur, symbole de pureté, a réussi à pousser sur ce sol souillé de sang. Tu te baisses, doucement, et attrapes entre deux doigts le fragile végétal. Tu ne le ramène pas à ton nez, son odeur t’importe peu, c’est sa beauté qui t’intéresse… comme tu es superficielle Lucia… Tu as toujours été comme ça…

Tu places cette si jolie fleur dans tes longs cheveux d’ors et entres enfin dans le bâtiment. Tu arrives dans la cour, vide. Cela ne t’étonne pas le moins du monde. Cela ne t’effraie même pas à vrai dire. Tu commences à y être habituée depuis le temps. Tu ne t’arrête pas, tu continues pour rentrer dans le bâtiment lui-même. Le hall est tout aussi désert, sombre et désert. Tu chantonnes un air Italien que tu entendais souvent dans ton enfance, mais tu ne te souviens plus des paroles, seulement de l’air. Ta voix pure et claire, presque enfantine, se répercute contre les murs, abimés par le temps. Tu montes l’escalier et tu entends qui coupe ta chanson, qui coupe tes pas et qui te fais mettre tes fines mains sur tes oreilles. Un crissement immonde se fait entendre d’une des anciennes salles de cours. Tu te diriges immédiatement vers la source de ce bruit, oui autant dire que tu te jetais dans la gueule du loup, si loup il y avait. Mais rien de tout cela.

Quand tu pénètres dans la salle, tu reconnais cette chevelure ébène et cette peau si blanche. Cette carrure ainsi que cette présence. Tu te déplaces avec vitesse, presque avec précipitation vers cette silhouette que tu apprécies tant. Arrivée à sa hauteur tu la serres contre toi, fort, tu la serres. Te trouvant dans son dos, tu poses ton front sur son épaule. Laissant perler des larmes le long de tes joues. Pourquoi pleures-tu jolie poupée ? Tu en as juste besoin, c’est tout. Il n’y a pas de raison fixe, tu pleures, c’est tout. Pourquoi devrait-il y avoir une raison à tes larmes, ma jolie Lucia ? Tu ne montres tes larmes qu’à cette personne d’ailleurs. Cette personne qui fait partie de tes plus précieux trésors. Tu es donc là, contre son dos, ne faisant pas le moindre geste hormis la serrer un peu plus contre ton frêle corps. Laissant s’échapper un flot de larmes dans le silence le plus total. Tu sens le jour tomber derrière la vitre. Tu sens la lune monter. Mais cela t’importe peu, toi pour l’instant, tu veux juste qu’on te dise des mots doux et que l’on te dise à quel point on t’aime, Lucia. Tu es folle, Lucia, complètement timbrée…

(Bien plus court que toi, désolée...)

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[Note : Le Participant n°12 est un PNJ, hein x)]

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(PS : je quitte le topic ^.^ je suis incapable de faire des trucs aussi long que vous ><")

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