La fin. [libre]

Mes larmes noient mes joues. Je cours. Cours aussi loin que possible, aussi vite. J’entre dans la cathédrale. Le froid de l’enceinte me saisit. Je trébuche sur un obstacle invisible. Tombe sur le sol. Je ne me relève pas. Mes cheveux bruns sont tout autour de moi, formant comme un voile. J’ai mal. Physiquement. Mais le pire, c’est à l’intérieur. Ce feu qui me brûle. Un réel incendie qui embrase mon corps et mon cœur, ne laissant rien autour de lui. Tout se réduit en cendres. Je prends durement conscience de la réalité. J’ai l’impression d’avoir été simplement manipulé. Oui, depuis tout ce temps. Et sa fait mal, si mal ! Comme si elle ne ressentait rien pour moi, finalement. Je me roule en boule sur le sol. Mes pleurs résonnent dans la haute cathédrale. Mon regard noyé dans mes propres larmes se pose sur la croix géante de jésus au fin fond de la cathédrale. Je pari que Dieu m’a abandonné. Il a abandonné tous ceux qui sont entrés dans ce Jeu. Ici, nous sommes sous le regard de Satan. Car plus rien de bon ne peux nous toucher. Même les anges ont détournés le regard de nous. Je me relève. Je titube vers cette croix géante. Je m’écroule à ses pieds. Ma tête se pose sur les pieds de la statue. Une prière. Une simple prière. « Je t’en prie, Jésus, ne détourne pas non plus ton regard de moi... Aide-moi, aide-moi... » Me mains agrippent la base de la croix géante. Mes larmes redoublent. Je sais que ma prière est vaine. Il m’ignore, je le sais. Je ne suis pas croyante. J’ai tué des croyants. Il me hait. Mais je veux y croire. Aide moi, aide moi, aide moi, aide moi, aide moi...

« AIDE-MOI ! »

J’ai envie de mourir. De quitter ce monde pour toujours. L’âme de ceux que j’ai tués me tourmente. Ils m’appellent. Tentent de m’attirer dans leur monde si sombre. Et moi, j’ai envie de lâcher prise. Lâcher ces mains qui m’ont déjà lâchée et oubliée. Je n’ai plus rien à perdre. Non, plus rien... Je m’écroule sur le sol. Attrape un bout de verre coloré qui traine par là. Il vient des vitraux. J’attrape une poignée de cheveux avec mon autre main. Avec rage, je me les coupe et les jette. Et e recommence. Encore et encore. Je saccage ma chevelure alors que pendant des années je l’ai aimé. Mais soudain, elle me part impur, elle me répugne. Je veux m’en séparer. Je jette le verre plus loin. Mes mains saignent. Je les porte à mes lèvres goutant mon propre sang et m’en laisse une trainée sur le menton. Et je me recroqueville sur moi-même. Je pleure, pleure tout mon saoule. Je veux mettre fin à mes jours, mais je suis incapable de le faire seule. Je suis si lâche.. J’ai tué tant de gens mais je ne suis pas capable de me tuer moi-même. Je frappe le carrelage avec mon poing serré. Soudain, une voix. Masculine. Elle semble revenir de mon passé. Elle revient me hanter.

« AIKO ! »

Je ne relève même pas la tête. J’aperçois du coin de l’œil une silhouette qui se précipite vers moi et se penche au dessus de moi. Un masque étrange est sur son visage. Mais cet œil que je peux voir... Rouge sang. Je m’en rappelle, même si tout ça c’est loin. Drew... Il me redresse et me prends contre lui. Je sens la chaleur de son corps à travers son tee shirt. Je ne lui réponds pas, et détourne le visage.

« Aiko ! Parle-moi ! Ca va ? Je t’ai tant cherché Aiko !...»

Je me débats et le repousse brutalement. Il tente de me retenir. Je le griffe profondément.

« Lâche-moi ! »
« Aiko qu’est ce qui se passe, raconte-moi ! Je veux t’aider ! »

« Tue-moi ! »
« Quoi ? Mais sa va pas bien ! »
« TUE MOI JE TE DIS ! Ou je te tuerais ! »
« Aiko ! »

Je me relève en titubant. Il se relève normalement, lui. Je regarde autour de moi, remarque une arme blanche plus loin. Je cours vers elle, l’attrape. Et refais face à Drew. Un simple petit poignard. Je soutiens son regard. Il ne comprend pas. Je vois dans ses yeux qu’il est bouleversé. M’aimerait-il encore un peu, finalement ? Pourtant, moi, je ne ressens plus rien pour lui, que de la haine. Il m’a tant repoussé ! Il a profité de mon corps pour s’enfuir ! Et il s’agit de mon demi-frère !

« Tue moi. »

Il ne bouge pas. Je soupire. Et j’attaque. Je fonce sur lui, brandissant ma lame. Je suis obligé de lui planter dans le bras avant qu’il comprenne que je suis sérieuse. Il me repousse. Je tombe sur l’arrière train. Il a bien plus de force qu’avant. Il relève son masque. J’aperçois ses traits. Son visage à murit. Le mien n’a pas changé durant tout ce temps. S’en rend t-il compte ? Je me relève. Et l’attaque à nouveau. Cette fois il pare et m’arrache mon arme des mains. Je me jette sur lui, le bloque contre terre et le mord au visage. Il hurle. Me frappe avec son poing. Je résiste. Il se débat. Et est contraint de me frapper avec ma propre arme. Plusieurs fois. Je sens le métal froid s’enfoncer dans mon corps, déchirant ma chair. Je crache du sang. J’ai mal. Mais pas autant que ce que je pourrais croire. Il est sous moi. Il a figé son mouvement, le couteau planté dans mon dos. Mes larmes recommencent à couler sur mes joues. Je n’arrive plus à bouger. Il a touché la colonne vertébrale.... Paralysée... Prisonnière de son propre corps. Je lutte pour bouger ne serait-ce que le petit doigt. Je n’y parviens pas. Je n’ai pas besoin de parler. Nos regards se croisent. Il joint ses lèvres au miennes dans un tendre baiser. Je sens sa poigne devenir plus forte sur l’arme qui répand mon sang autour de nous. Et d’un coup sec, il déplace la lame dans mon corps, blessant des organes. Vitaux pour la plupart. Du sang remonte dans ma bouche. Il me relâche. Me bascule sur le coté. Je vois flou. J’ai peur. Je m’étrangle dans mon sang. Je croise une dernière fois son regard. Je sens la lame poisseuse sur mon coup. Je ne veux pas mourir avec la tête d’une perdante. Je me force à sourire, malgré le sang dans ma bouche. Je sens la lame qui s’enfonce dans mon cou. Rapidement, la douleur s’envole. Je rejoins le sommeil éternel. Et mon sourire se fige pour toujours sur mon visage si pâle, mon regard se perd loin, au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. La fin. La mort.